Programmation Théâtre Luc Donat : « la qualité est le premier des critères ». Rencontre avec Blanc Blanc, directeur du TLD.
L’année culturelle 2023-2024 au Théâtre Luc Donat promet de grands moments de surprises et de plaisirs partagés autour d’une programmation pluridisciplinaire.
Équilibre subtil entre artistes locaux et de l’extérieur, mission publique hors les murs et soutien à la création, Blanc Blanc, directeur du TLD, explique les choix d’une programmation hétéroclite, mobile et accessible à tous...
Comment établissez-vous le contenu de la programmation du TLD sur une année complète ?
« Pour cette programmation, déclinée sur deux semestres, je m’attache à essayer de trouver un équilibre au niveau des disciplines et puis, tout dépend des propositions et des choix que nous faisons des spectacles disponibles sur l’année suivante. Je veille aussi à ce que les représentations locales soient suffisantes et harmonisées en matière de disciplines. Il n’y a pas de règle absolue mais, en général, le local représente environ 2/3 de la programmation totale.
Bien évidemment, la priorité absolue est dans la qualité artistique, mon premier critère réside dans l’accueil du spectacle par le public en sachant que le TLD est une grande salle de 600 places. De fait, en termes de programmations, je dois proposer des spectacles dimensionnés pour cette salle d’où des formats d’un niveau assez élevé permettant son remplissage.
Un autre aspect à prendre en compte est celui du soutien à la création. En effet, certains spectacles vont être présentés pour la première fois, nous ne sommes donc pas dans un registre de grande fréquentation puisque le spectacle n’est pas encore connu mais, charge à nous de le faire découvrir au public réunionnais. »
Un autre pan important de la programmation concerne le jeune public et les scolaires...
« Oui, et nous disposons de plusieurs dispositifs pour diffuser des spectacles en direction du jeune public soit sur le temps scolaire ou hors temps scolaire, notre Festival Dernier Viraz en est un exemple.
Nous proposons aussi des spectacles dans le cadre du dispositif Cité Éducative où l’on se déplace dans les écoles pour que les enfants choisissent les spectacles qu’on va leur programmer hors temps scolaire.
Pour ce qui concerne la salle, elle est une scène conventionnée d’intérêt national Arts en Territoire, nous programmons donc des spectacles dans les quartiers, les écarts, les écoles du Tampon et des communes avoisinantes.
Nous totalisons 90 représentations en salle à l’année et une cinquantaine hors les murs. »
Quels seront les temps forts de cette année culturelle au TLD ?
« Il y en aura beaucoup mais on peut citer la seconde édition du festival d’humour absurde, Zanfigouri, version créole du mot Amphigourie en français qui signifie un texte, un dessin ou une communication un peu incongrue pour envoyer un message pouvant faire rire ou susciter une réflexion, c’est donc l’idée de ce festival très décalé.
Il y a un artiste en particulier que j’aimerais faire découvrir aux Réunionnais, il s’appelle Fred Blin du collectif Chiche Capon qui sera présent.
En local, Eric Lauret sera présent avec son spectacle Madame Fraise et puis, il y aura aussi Laura Laune, l’humoriste belge, mais son spectacle affiche déjà complet tout comme celui d’Élodie Poux.
Autre temps fort de la programmation : Prélude, un spectacle Hip hop de la compagnie Accrorap et de Kader Attou, ancien directeur du centre chorégraphique de La Rochelle. Artiste bien connu des fans de danse, il proposera sa dernière création.
Il y aura aussi la sortie du nouveau spectacle d’Aurus nommé Prisme qui est d’ailleurs en couverture du programme de cette année.
Et puis, nous aurons également Axel Bauer en décembre, jamais venu à La Réunion, nous sommes ravis de l’accueillir car c’est un artiste qui est à un moment particulièrement éblouissant de sa carrière. »
Quelle est la spécificité du TLD ?
« Le TLD est la plus grande salle de spectacle du Sud de l’île donc en termes de programmation, nous avons la spécificité de bénéficier des spectacles de type Grand public hors festivals, évidemment. De plus, le TLD est très attendu sur sa programmation à l’instar de Champ Fleuri ou du TPA avec une histoire vieille de 40 ans. Cette expérience qui s’écrit depuis longtemps s’ouvre sur un nouveau volet qui est celui de la programmation du « théâtre hors les murs » depuis 5 ans. C’était une réelle volonté de ne pas se contenter d’attendre que les spectateurs viennent en salle mais vraiment de réfléchir à l’accès au droit culturel en allant vers ceux qui en sont les plus éloignés.
D’ailleurs, nous venons de créer un événement nommé « Bat karé culturel » qui est totalement gratuit autour du théâtre avec des activités pluridisciplinaires et même sportives. La Compagnie Cîrconflexe a ainsi installé deux chapiteaux au-dessus du TLD, le container du FRAC, l’art contemporain… nous sommes dans une dynamique où nous ne nous contentons pas simplement de faire des spectacles dans la grande salle mais d’en proposer beaucoup partout où c’est possible.
Puis, la spécificité du TLD réside aussi, comme je l’évoquais plus tôt, dans tout ce que nous organisons autour des spectacles : rencontres avec les artistes, des ateliers d’écriture, de chant, travail avec les scolaires… tout ce qui n’est pas du spectacle mais qui reste en lien avec les artistes. »